Arrêt de la Cour souveraine ordonnant de sonner les cloches et défendant les spectacles
Chez Nicolas II et Nicolas III Charlot
24 février 1766
Imprimé
H. 24,6 ; l. 19,4 cm (fermé)
Nancy, Archives municipales AA25
Le lendemain de la mort du roi de Pologne, la Cour souveraine de Lorraine et Barrois rend un arrêt prenant plusieurs mesures afin de rendre particulièrement visible sa disparition. Le texte de l’arrêt commence par rendre hommage au souverain défunt annonçant que « l’Etat vient de perdre son Père et son Roi ». La Cour souveraine est particulièrement liée à Stanislas qui a racheté l’hôtel de Craon en 1751 pour l’y installer et qui lui a confié son testament. C’est d’ailleurs le premier président qui annonce à Louis XV le décès de son beau-père par une lettre du 23 février. Exprimant sa douleur : « La mort impitoyable nous a enlevé cet auguste Prince, le modèle des Rois, et la gloire de l’Humanité », la Cour ordonne par cet arrêt que l’on sonne les cloches dans toutes les paroisses et églises sous son ressort tous les jours et pendant une demi-heure à sept heures du matin, midi et six heures du soir jusqu’à ce qu’il en soit ordonné autrement. En outre, la Cour interdit tout spectacle, danse et jeu public par respect pour la mémoire du dernier duc de Lorraine. Cet arrêt, imprimé à Nancy chez Nicolas Charlot , doit être affiché, lu et exécuté dans tous les baillages ressortissant de la Cour.
Ce texte est également intéressant car il reprend la même rhétorique que celle de la lettre adressée à Louis XV lui annonçant la mort de Stanislas. En effet, après avoir montré leur grande peine face au décès de Stanislas, les magistrats en profitent pour évoquer subtilement la réunion à la France et pour prêter allégeance au roi et à la reine qui apparaissent comme les consolateurs de la Lorraine orpheline. On retrouvera d’ailleurs cette image, présentée sur un mode allégorique, à travers le trumeau de Sénemont représentant La France remettant à la Lorraine le cœur de Marie Leszczynska. Le texte est ainsi libellé : « Dans le malheur qui nous accable, la Providence qui n’a pas cessé de nous protéger depuis tant de siècles, ne nous abandonnera pas. (…) Nous retrouverons dans l’Auguste Roi qui est l’amour de la France, et qui en fait le bonheur, un Souverain qui versera ses bienfaits sur Nous, comme sur tous les autres peuples soumis à son Empire ; dans la Reine, cette Princesse respectable, l’image du cœur de son Auguste Père, et le vrai tableau de ses vertus, une puissante Protectrice ; dans la Famille Royale, un appui certain pour cette Province, qui ne peut pas manquer de leur être chére, par les monuments éternels de la piété et de la munificence de leur tendre Ayeul. »
Pierre-Hippolyte Pénet