Édit de Louis XV expulsant l’ordre des jésuites de Lorraine

Louis XV

Louis XV (1710, Versailles – 1774, Versailles)
Publié dans le Recueil des ordonnances et réglemens de Lorraine…, Nancy, chez J. & F. Babin, libraires, t. XI, 1772,
p. 370-371.
1768
Imprimé, 2 pages
H. 26 ; l. 20 cm
Nancy, archives départementales de Meurthe-et-Moselle,
8° G II 1 (11)

La fondation de l’université de Pont-à-Mousson, en 1572, introduit la Compagnie de Jésus en Lorraine, et ouvre la voie à l’implantation de collèges jésuites dans les principales villes des duchés : Bar-le-Duc et Nancy (1616), Saint-Nicolas-de-Port (1629), Bouquenom (1630), Épinal et Saint-Mihiel (1632), outre les villes épiscopales de Metz et de Verdun (Trois-Évêchés). Le roi Stanislas arrive lui-même en Lorraine, au siècle suivant, avec un confesseur jésuite. Très proche de la Compagnie, il lui confie les Missions royales, fondées en 1739 afin d’irriguer le territoire rural dans les duchés et le diocèse de Metz, et de tenir le jansénisme en échec.

En France, les jésuites subissent les attaques des jansénistes, gallicans et parlementaires, puis des philosophes de l’Encyclopédie. Le 6 août 1762, le parlement de Paris ordonne la fermeture des deux cents collèges jésuites du royaume ; les biens de la Compagnie sont séquestrés. Le 19 novembre 1764, le roi Louis XV signe, sans conviction, l’édit de suppression.

Son beau-père le roi Stanislas ouvre alors immédiatement ses duchés aux membres de la Compagnie qui connaît en Lorraine quatre années de répit ; Louis XV attend en effet le décès de la reine Marie pour l’y interdire (édit du 8 août 1768). Les collèges sont confiés dans un premier temps à des prêtres diocésains, puis en 1776 aux chanoines réguliers de Notre-Sauveur, issus de la réforme de Pierre Fourier, lui-même élève des jésuites. Quant à l’université, qui subit depuis les années 1730 une certaine désaffection, elle est transférée de Pont-à-Mousson à Nancy où Bagard avait déjà obtenu du roi Stanislas la création d’un collège de médecine en 1752.

Après la mort de leur mère, la reine Marie, Mesdames Marie-Adélaïde, Victoire, Sophie et Louise veilleront attentivement au versement des pensions dues aux jésuites ayant choisi de rester en Lorraine sous l’autorité de l’ordinaire diocésain.

Hélène Say-Barbey

Bibliographie :

DELATTRE Pierre (sous la dir. de), Les établissements des Jésuites en France depuis quatre siècles : répertoire topo-bibliographique…, Enghien, Institut supérieur de théologie, 1940-1957, 5 vols.

MURATORI-PHILIP Anne, Le roiStanislas, Paris, Fayard, 2000.

MARTIN Romain, « Les Jésuites », dans HENRYOT Fabienne, JALABERT Laurent, MARTIN Philippe (sous la dir. de), Atlas de la vie religieuse en Lorraine à l’époque moderne, Metz, éditions Serpenoise, 2011, p. 98-99.