Buste de Stanislas Leszczynski

René-Michel dit Michel-Ange Slodtz

René-Michel dit Michel-Ange Slodtz (1705, Paris - 1764, Paris)
Vers 1743-1747
Marbre
H. 102, 5 ; l. 93 ; P. : 41,5 cm
Nancy, Musée des Beaux-Arts, inv. 1288
Saisie révolutionnaire, 1793

À son arrivée en Lorraine, Stanislas retrouve avec plaisir la Compagnie de Jésus à laquelle il est particulièrement attaché. Les jésuites lorrains sont en effet bien implantés dans le duché suite à la fondation de l’université de Pont-à-Mousson en 1572. L’un d’entre eux, le père Joseph de Menoux, devient une des figures les plus influentes de la cour de Stanislas et se voit même accorder en 1741 une pension de cinq cent livres de rente. Afin de loger plus dignement la Compagnie, le roi fait construire par son architecte Héré l’Hôtel des Missions royales qui est inauguré en 1743. Situé non loin de l’église de Notre-Dame de Bonsecours, le lieu plait à Stanislas qui s’y fait aménager un appartement au rez-de-chaussée.

Pour remercier leur bienfaiteur, le père de Menoux profite d’un voyage à Rome pour commander au sculpteur Michel-Ange Slodtz, pensionnaire de l’Académie de France, un buste en marbre représentant Stanislas. L’artiste, qui ne connaissait pas le modèle, dût ébaucher la sculpture probablement à partir de gravures puis l’envoya en Lorraine où elle fut terminée d’après nature, sans doute par le sculpteur Louis Lenoir. L’œuvre fut ensuite installée dans le réfectoire d’été des Missions royales où se trouvaient déjà huit grandes fresques représentant les bienfaits de Stanislas. Elle était présentée sur un socle où figurait l’inscription : « Regi optimo / Fundatori munificentissimo / Patres societatis Iesu / Posuere /
M. DCCL ». Le Mercure de France nous détaille l’inauguration de l’œuvre le 6 décembre 1750 en présence du roi de Pologne. Le Père Leslie récita une ode au souverain dans laquelle il rappelait ses diverses fondations puis on entama plusieurs chansons en son honneur pendant le dîner. Enfin à cinq heures du soir, le roi assista à un feu d’artifice depuis le balcon d’une maison vis-à-vis de l’Hôtel des Missions dont toute la façade était illuminée.

Le monarque est ici vêtu d’une armure recouverte d’un manteau d’hermine dont la masse offre une ampleur considérable au personnage. Le roi porte la plaque de l’Ordre du Saint-Esprit dont le cordon tombe sur le piédouche. Le buste est une des représentations les plus fidèles qui subsistent de Stanislas. Le Mercure de France signale d’ailleurs que l’œuvre se caractérise par « une vérité de ressemblance, une noblesse d’attitude et une précision qui ne laissent rien à désirer aux connoisseurs ».

Pierre-Hippolyte Pénet

Historique :

L’œuvre est saisie en 1793 et transférée à l’université de Nancy en 1807 puis est de retour en 1814 à l’Hôtel des Missions devenu Grand Séminaire de Nancy. En 1925, elle est installée dans le Salon carré de l’Hôtel de ville puis regagne le musée des Beaux-Arts en 2012.

Expositions :

De l’an II au Sacre de Napoléon, le premier musée de Nancy, Nancy, Musée des Beaux-Arts, 2001-2002.

Stanislas un roi de Pologne en Lorraine, Nancy, Musée lorrain, 2004.

De l’Esprit des villes, 1720-1770, Nancy et l’Europe urbaine au siècle des Lumières, Nancy, Musée des Beaux-Arts, 2005.

Bibliographie :

LALLEMENT Louis, Les trois Bustes lorrains de Nancy omis par Lionnois dans l’histoire de cette ville, Nancy, Voirin, 1889.

PFISTER Christian, Histoire de Nancy, Paris-Nancy, Berger-Levrault et Cie, 1908, t. III, p. 729-730.

SOUCHAL François, Les Slodtz, sculpteurs et décorateurs du Roi, Paris, éditions E. de Boccard, 1967, n°160, p.672.

GELLY-SALDIAS Clara, Del’an II au Sacre de Napoléon, le premier Musée de Nancy, Paris, Réunion des musées nationaux, 2001, n°29, p. 100.