Portrait de Stanislas en costume d’apparat

Attribué à Jean Girardet

Attribué à Jean Girardet (1709, Lunéville – 1778, Nancy)
1768-1769
Huile sur toile
H. 258 ; l. 179 cm
Nancy, Hôtel de ville
Dépôt du Musée des Beaux-Arts de Nancy, inv. 461

D’après Gérard Voreaux, cette œuvre serait le portrait en grand du roi de Pologne mentionné dans les comptes en 1769 comme une commande passée au peintre Jean Girardet et destinée à orner la salle d’assemblée de l’hôtel de ville. Plusieurs portraits de Stanislas sont en effet réalisés à sa mort comme l’illustre également une commande passée au peintre Jean-Baptiste Claudot pour l’hôtel de ville en 1766. Deux ou trois ans après sa disparition, ce tableau représente le souverain assis sur un trône monumental aux formes rocaille au sommet duquel figure son blason : on y retrouve l’aigle héraldique du royaume de Pologne, le cavalier du grand duché de Lituanie et la tête de taureau de la famille Leszczynski, le tout surmonté de la couronne royale. Le roi est revêtu d’un grand manteau doublé d’hermine et brodé d’aigles et de croix de Lorraine, rappelant ainsi qu’il porte à la fois le titre de roi de Pologne et de duc de Lorraine. Il porte au cou le collier de l’Ordre du Saint-Esprit dont son gendre l’a fait chevalier l’année de son mariage avec sa fille Marie Leszczynska, en 1725. À gauche, sur un coussin, figure la couronne royale fermée. Le monarque tient de la main droite un sceptre, tenu à l’envers, représentant une croix de Lorraine et sans doute un chardon.

Ce portrait d’apparat, qui évoque les modèles célèbres réalisés par Hyacinthe Rigaud au début du siècle, fait également penser au portrait de Léopold réalisé par Nicolas Dupuy en 1703. Les deux ducs sont en effet présentés de trois quart, assis sur un fauteuil, le sceptre à la main et la jambe gauche en avant. Placé sur une estrade, le roi de Pologne esquisse un léger sourire adressé au spectateur. Le caractère posthume de ce portrait n’est pas anodin : on peine effectivement à imaginer que Stanislas eut pu commander un tel portrait le représentant en majesté dans un format aussi monumental de son vivant. Le roi de Pologne fut plutôt enclin à exprimer son pouvoir de manière assez discrète, préférant mettre en avant celui de son gendre Louis XV, à l’image de la statue réalisée sur la place Royale, afin de préparer ses sujets à leur futur maître. Parmi les rares représentations du dernier duc de Lorraine réalisées de son vivant que nous conservons, le fronton de la caserne Sainte-Catherine met ainsi d’avantage l’accent sur le roi bâtisseur. Deux autres versions de ce portrait d’apparat, réalisée par l’atelier du peintre,  se trouvent aujourd’hui encore à Nancy. La première, d’un format plus réduit, est exposée dans la salle d’assemblée de l’Académie de Stanislas. La seconde, qui est un dépôt du musée des Beaux-Arts à la Cour d’appel (MBA, inv. 95.3.1), possède deux légères différences avec la version présentée dans l’exposition : Stanislas y tient en effet son sceptre dans le bon sens et ouvre la paume de la main gauche.

Pierre-Hippolyte Pénet

Audioguide station 13 : Atelier de Girardet, Portrait de Stanislas Leszczynski

Historique :

L’œuvre entrée au musée des Beaux-Arts avant 1845. D’après Gérard Voreaux, elle est attestée dans le cabinet du maire dès 1908.

Bibliographie :

VOREAUX Gérard, Recherches sur les peintres et les amateurs d’art en Lorraine au XVIIIème siècle, thèse de doctorat, Université de Nancy II, 1990, t. II, p. 418.

VOREAUX Gérard, Girardet : un peintre lorrain à la Cour du roi Stanislas, Nancy, Editions Place Stanislas, 2007, n°146