Statues provenant du monument commémoratif du Vœu de Nancy

Siméon Drouin

Siméon Drouin (vers 1590, Nancy – vers 1651, Nancy)
1645-1646
Marbre

Saint Sébastien
H. 94 ; l. 50 ; P. 26 cm
Nancy, Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain,
inv. 95.15
Fonds ancien

Saint Roch
H. 90 ; l. 42 ; P. 26 cm
Nancy, Cathédrale Notre-Dame-de-l’Annonciation, classé monument historique le 09/05/1981

Saint Charles Borromée
H. 73 ; l. 70 ; P. 23 cm
Ville de Racécourt, classé monument historique le 12/02/1960

Durant la guerre de Trente Ans, la Lorraine connaît une importante crise démographique causée par les ravages de la guerre, du pillage et des épidémies. La peste qui éclate dès 1627 atteint Nancy en mars 1630 et ravage la ville pendant sept années. Le 14 juin 1631, une résolution du Conseil de ville de Nancy décide de s’en remettre à la Vierge Marie et fait le vœu de célébrer des messes en l’église Notre-Dame de Bonsecours dont la chapelle primitive avait été construite à la fin du XVe siècle à la suite de la bataille de Nancy. Pour rappeler ce vœu, les édiles municipaux décident de réaliser un monument commémoratif dans cette même église. La commande est confiée au sculpteur lorrain Siméon Drouin qui travaille notamment pour la cour ducale. Un premier projet consistant en une inscription gravée sur une plaque de cuivre est bientôt remplacé par un second plus imposant. En 1633, la ville demande en effet au sculpteur de réaliser un monument composé d’une plaque de marbre noir rappelant le texte du vœu entourée de trois statues en marbre blanc figurant la Vierge, saint Epvre et saint Sébastien, afin de représenter les trois paroisses qui se partageaient la ville.

En 1644, la ville change d’avis concernant l’identité des statues qui deviennent saint Sébastien, saint Roch et saint Charles Borromée. Ce choix iconographique est à mettre en relation avec les autres ex-voto réalisés au même moment, notamment le grand tableau de Rémond Constant conservé au Musée lorrain, et fait appel aux trois saints invoqués habituellement contre la peste. En 1645, Drouin présente les modèles en cire et au mois de mai de l’année suivante, le monument est reçu par le Conseil de ville. Un siècle plus tard, Stanislas décide de faire reconstruire l’église et un nouveau monument vient remplacer celui de Drouin. Les sculptures sont dispersées et l’ouvrage initial sans doute détruit. L’exposition est l’occasion de réunir pour la première fois depuis le XVIIIe siècle ces trois sculptures, seuls vestiges subsistants de l’œuvre réalisée dont l’aspect général nous est connu grâce au dessin préparatoire de l’artiste.

Pierre-Hippolyte Pénet

Historique :

La sculpture de saint Sébastien est entrée dans les collections du Musée lorrain entre 1869 et 1884. Celle de saint Roch et celle de saint Charles Borromée sont respectivement arrivées à la cathédrale de Nancy et à l’église de Racécourt (Vosges) à des dates inconnues.

Bibliographie :

LEPAGE Henri, « Une famille de sculpteurs lorrains », Mémoires de la Société d’archéologie lorraine, 1863, p. 27-24.

LEPAGE Henri, « Sur le vœu de la Ville de Nancy à Notre-Dame de Bonsecours », Mémoires de la Société d’archéologie lorraine, 1864, p. 254-272.

JÉRÔME Léon, L’église et le pèlerinage de Notre-Dame de Bonsecours à Nancy, Nancy, imprimerie Vagner, 1934, p. 259-265.

SIMONIN Pierre, « La statue de saint Charles Borromée provenant du Vœu de Nancy à Bonsecours », Le Pays Lorrain, 1976, n°4, p. 203-208.

PÉNET Pierre-Hippolyte, « Un monument du sculpteur Siméon Drouin pour Notre-Dame de Bonsecours exceptionnellement reconstitué au Musée lorrain », Le Pays Lorrain, 2016, n°2, à paraître