Génie de la Renommée
Paul-Louis Cyfflé
Paul-Louis Cyfflé (1724, Bruges – 1806, Ixelles)
Vers 1756
Plomb
H. 140 ; l. 82 ; P. 152 cm
Nancy, Palais des ducs de Lorraine - Musée lorrain,
inv. D.III.857
Dépôt de la ville de Nancy, 1928
Lors de la construction du palais de la Nouvelle Intendance, deux fontaines semblent avoir été prévues. La première, située dans le jardin, est sculptée par Jean-Baptiste Heker et Joseph Bechamp qui sont tous deux payés pour cette réalisation en 1758. Au centre de l’entrée de la colonnade reliant le palais à la place de la Carrière, le chancelier La Galaizière avait proposé que soit installée la statue de Louis XV voulue par Stanislas. Mais celle-ci est finalement érigée sur la place Royale. A ce même emplacement, on prévoit alors d’installer une seconde fontaine dédiée au roi de France.
Une planche du Recueil de Héré intitulée « Plan et Elevation de la Fontaine Triomphale en Piramide au bout de la Carriere de Nancy » nous permet de connaître son iconographie. Au-dessus du bassin, trois figures de fleuves soutiennent une coquille servant de base à un obélisque dont les faces sont décorées de médaillons célébrant les victoires de Louis XV. La thématique de ces médaillons est confirmée par la légende d’une autre planche du Recueil qui mentionne « Fontaines Triomphale en piramides au bout de la Carriere ou sont représentées les Victoires de Louis XV ». Sur la gravure sont ainsi esquissés deux plans de fortifications et un cavalier mettant en fuite ses ennemis. Au sommet, le génie de la Renommée souffle dans une trompette ornée d’un drapeau aux armes de France et tient de la main gauche une couronne de lauriers.
Il est difficile d’établir avec certitude si ce projet de fontaine a été réellement installé sur la place de la Carrière car seules les planches du Recueil de Héré et une gouache anonyme la représentent à cet emplacement. Ce qui est certain, c’est que la fontaine a finalement été construite sur la place Saint-Stanislas, rebaptisée place d’Alliance à l’occasion du renversement des alliances opéré lors du traité de Versailles en 1756. Afin de célébrer la nouvelle entente entre la France et l’Autriche, Stanislas demande au sculpteur Cyfflé d’y installer un monument commémoratif. Cyfflé reprend le modèle de la fontaine telle qu’elle apparaît dans le Recueil de Héré mais en modifie l’iconographie. Dans des médaillons apparaissent à présent une foi, deux mains brandissant un faisceau de flèches et un écu rassemblant fleur de lis et croix de Lorraine. Surplombant le monument, le génie de la Renommée souffle dans sa trompette et tient d’une main un écu sur lequel est inscrit : PERENNAE CONCORDIAE FOEDUS ANNO 1756 : « Éternel traité de concorde année 1756 ».
Pierre-Hippolyte Pénet
Historique :
L’œuvre présentée est la statue originale en plomb qui se tenait au sommet de la fontaine de la place d’Alliance. Très endommagée et menaçant de provoquer un accident, l’œuvre est déposée au Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain en 1928, trois ans après le classement de la fontaine, et remplacé par un moulage.
Sources :
Compte général de la dépense des édifices et bâtimens que le roi de Pologne, duc de Lorraine et de Bar a fait connaître pour l’embellissement de la ville de Nancy, depuis 1751 jusqu’en 1759, Lunéville, Impr. Claude François Messut, 1761.
Plans et elevations de la place Royale de Nancy et des autres édifices qui l'environne batie par les ordres du Roy de Pologne, Duc de Lorraine dédiée au Roi de France par Héré premier architecte de sa Majesté Polonoise, 1753.
Bibliographie :
PFISTER Christian, Histoire de Nancy, Nancy, éditeur, réed., 1974, t. II, p. 230.
COLLIN Jean-Marie, Nancy avant la Révolution, Nancy, J.-M. Collin, 2002, p. 282.
MARTIN Étienne, L’hydrosystème domestique et urbain à Nancy, étude de géographie historique, thèse de géographie, Université Nancy 2, 2010, p. 210-212