Vue de l’Hôtel de l’Intendance

Anonyme
Entre 1753 et 1756
Gouache sur parchemin, cadre en bois doré
H. 45 ; l. 58,7 cm (avec le cadre)
Nancy, Palais des ducs de Lorraine - Musée lorrain,
inv. D. 95.646
Dépôt du musée des Beaux-Arts de Nancy

Voulue par le pouvoir français, l’administration de l’Intendance avait été installée, en 1745, de manière hautement symbolique, dans l’ancien palais ducal. Après un premier projet de l’ingénieur et inspecteur des bâtiments Jean-Jacques Baligand (1697-1762) Emmanuel Héré (1705-1763) dessina un hôtel dédié spécifiquement à cette fonction. Il en fit une pièce majeure de la composition urbaine organisée autour d’un axe fort, marqué par l’enfilade de trois places : l’hémicycle (ou fer à cheval), la Carrière et la place Royale. À chaque extrémité s’élevait un lieu de pouvoir, l’hôtel de ville sur la place Royale, l’hôtel de l’Intendance sur celle du fer à cheval. À partir de 1766, le bâtiment abrita le Gouvernement militaire qui lui donna le nom qu’il porte encore aujourd’hui.

La comparaison entre la gouache réalisée d’après le dernier volume du Recueil des plans, élévations et coupes, tant géométrales qu’en perspective des châteaux, jardins et dépendances que le roy de Pologne occupe en Lorraine publié en 1753 et l’édifice achevé après 1757, montre l’évolution du propos architectural avec l’abandon du projet de fronton et la fermeture des arcades de la colonnade de l’hémicycle. Le dispositif ainsi mis en œuvre permettait de diriger le regard vers le seul espace transparent, le vestibule conduisant au jardin. Cette audacieuse composition ne dura guère car il fallut dès 1766 fermer le vestibule de murs de refend pour assurer une meilleure stabilité à l’ensemble.

Au premier plan, le projet prévoyait une fontaine, elle fut érigée définitivement en 1756, avec une iconographie renouvelée, au centre de la place Saint-Stanislas rebaptisée alors place d’Alliance en mémoire du traité entre les maisons de France et d’Autriche.

Mireille-Bénédicte Bouvet

Sources :

Compte général de la dépense des édifices et bâtimens que le roi de Pologne, duc de Lorraine et de Bar a fait connaître pour l’embellissement de la ville de Nancy, depuis 1751 jusqu’en 1759, Lunéville, Impr. Claude François Messut, 1761.

Bibliographie :

MAROT Pierre, « Emmanuel Héré », Annales de l'Est, 1954, n°1, p. 3-44.

PFISTER Christian,  Histoire de Nancy,  réed., Nancy, 1974, t. II, p. 227-228.

PUPIL François.  Recherches sur les architectes de Nancy de la mort de Héré à la Révolution, thèse de doctorat, Université de Nancy, soutenue en 1968, p.26.

SIMONIN Pierre, CLEMENT, Roland. Ensemble architectural de Stanislas. Nancy : Vent d'Est, 1985. - 47 p. : ill. ; 21 cm. p. 31.

COLLIN Jean-Marie, « Le palais du Gouvernement et l’hémicycle de la Carrière », dans Nancy avant la Révolution, Nancy, J.-M. Collin, 2002, p. 278-282.

BOUVET Mireille-Bénédicte « Les places de Nancy au XVIIIe siècle », dans GADY Alexandre de PÉROUSE DE MONTCLOS Jean-Marie (sous la dir. de),De l’Esprit des villes, Nancy et l’Europe urbaine au siècle des Lumières, 1720-1770, Versailles, Editions Artlys, 2005, p.71-81