Glorification de la maison de Lorraine
École française
École française
1745 ou après
Huile sur toile
H. 193 ; l. 130,5 cm
Nancy, Palais des ducs de Lorraine - Musée lorrain,
inv. D.III.848
Dépôt de l’État, 1928
Le 13 février 1737, le duc de Lorraine François III renonce officiellement à ses duchés au profit de Stanislas, beau-père du roi Louis XV. Un an auparavant, le 12 février 1736, il avait épousé à Vienne l’archiduchesse Marie-Thérèse qui se préparait à succéder à son père, l’empereur Charles VI, mais faisait face à l’hostilité de certains monarques européens qui refusaient de voir une femme ceindre la couronne impériale. Après de multiples difficultés, François de Lorraine fut finalement élu empereur le 13 septembre 1745 et couronné le 4 octobre suivant sous le nom de François Ier, son épouse devenant impératrice consort.
Cette peinture a sans doute été réalisée l’année de cette élection ou quelques temps plus tard et a pour but d’illustrer l’ancienneté de la maison de Lorraine. Sur la colonne centrale sont en effet rassemblés deux médaillons. En bas, on reconnait le profil de François de Lorraine, couronné de lauriers et entouré de l’inscription « IMP. CAESAR FRANCISCUS P.F DUX. LOTR ; BAR. REX.IER.MAGNUS DUX ETRURIAE » (L’empereur César François, pacifique, heureux, auguste, duc de Lorraine et de Bar, roi de Jérusalem et grand duc de Toscane). Le médaillon est dévoilé par l’allégorie du Temps représenté comme un vieillard ailé tenant une faux. Plus haut, un putto soutient le deuxième médaillon représentant Gérard d’Alsace, premier duc héréditaire de Lorraine dont le profil est accompagné de l’inscription « GERADUS ALSATIUS D.G DUX LOT. ET MARCHIO » (Gérard d’Alsace par la grâce de Dieu, duc de Lorraine et marquis). Ce médaillon est également couronné de lauriers par la figure de la Renommée. Entre les deux profils, on aperçoit l’aigle impérial tenant entre ses serres les palmes de la victoire, ce qui rappelle probablement les victoires obtenues par Charles V, grand-père de François, lorsqu’il combattait à la tête des armées impériales. Au pied de la colonne, le génie de l’Histoire est en train d’écrire les hauts faits de François de Lorraine que lui montre du doigt le génie de la Guerre.
Cette représentation se place dans la continuité des commandes du duc Léopold comme le Médaillier des ducs de Lorraine réalisé par Ferdinand de Saint-Urbain pour illustrer la glorieuse généalogie de la famille ducale. La médaille figurant Gérard d’Alsace est d’ailleurs très proche du médaillon le représentant sur le tableau. L’attribution de la peinture pose néanmoins toujours question. L’œuvre a ainsi successivement été donnée à Boucher, Lemoyne puis Girardet. Gérard Voreaux note qu’il est fort peu probable que cette toile soit d’origine lorraine car les patriotes en colère détruisirent de nombreux portraits de François III lorsqu’il abandonna ses duchés. Il pourrait s’agir d’une œuvre réalisée par un suiveur de François Lemoyne pour la cour d’Autriche.
Pierre-Hippolyte Pénet
Historique :
Acheté en 1820 chez un antiquaire de Saumur, le tableau passa dans des collections privées avant d’être acquis par l’Etat en 1927 grâce à une initiative du maréchal Lyautey et Paul Léon, directeur général des Beaux-Arts puis déposé au Musée lorrain l’année suivante.
Exposition :
Stanislaw Leszczynski : Karol Polski ksieciem Lotaryngii, Wystawa w Zamku Krolewskim w Warsazawie, 25 kwietna – 10 lipca 2005 roku.
François de Lorraine du duc à l’empereur, Musée du château de Lunéville, 15 août-11 novembre 2008
Bibliographie :
DES ROBERT Edmond, « Glorification de la Maison de Lorraine », Bulletin de la société d’archéologie lorraine, 1929, p. 18-21.
VOREAUX Gérard, Les Peintres lorrains du dix-huitième, Paris, éditions Messene, 1998, p. 142-143.
VOREAUX Gérard, « Glorification de la maison de Lorraine », dans MATHIAS Martine (sous la dir. de), Stanislas, un roi de Pologne en Lorraine [cat. exp., Nancy, Musée lorrain, 17 décembre 2004 - 21 mars 2005], Versailles, Artlys, 2004, p. 124.
VOREAUX Gérard, Girardet : un peintre lorrain à la Cour du roi Stanislas, Nancy, éditions Place Stanislas, 2007, p. 194.