Portrait du duc Léopold et de sa famille
Attribué à Jacques Van Schuppen
Attribué à Jacques Van Schuppen (1670, Paris –1751, Vienne)
1709
Huile sur toile
H. 64,5 ; l. 78,5 cm
Nancy, Palais des ducs de Lorraine - Musée lorrain,
inv. 95.367
Achat en vente publique, 1852
Gérard Voreaux a attribué ce portrait de famille à Jacques Van Schuppen, fils d’un graveur anversois, formé à Paris chez Largillierre et Van der Meulen. Il fait partie des artistes français que le duc Léopold prend à son service après la mort des peintres lorrains qui avaient tout d’abord travaillé pour sa cour. Il arrive à Lunéville à l’automne 1707. Outre des portraits, il y réalise un plafond, aujourd’hui disparu, pour l’appartement que Marc de Beauvau-Craon occupe dans le pavillon oriental du commun sud. Dans ce portrait de groupe, colonnes et draperies composent un décor somptueux mais de pure convention, dont il serait vain de chercher l’origine dans les résidences ducales. L’atmosphère se veut à la fois solennelle et spontanée. Léopold, confortablement installé sur le canapé avec son épouse Élisabeth-Charlotte, paraît échanger quelques mots avec son plus jeune frère, François, abbé de Stavelot, assis à sa droite. Au premier plan, deux princesses s’amusent à nourrir un singe, ce qui traduit bien le quotidien d’une cour envahie d’animaux plus ou moins exotiques. On remarque au centre la présence tutélaire d’un buste de Charles V, qui veille symboliquement sur sa descendance. La couronne posée à droite confirme la dimension officielle, tout comme le manteau à alérions et croix de Lorraine qui distingue la duchesse, dont la fécondité en fait la vraie garante de la continuité du lignage.
Nous proposons de situer l’œuvre au printemps de 1709, en raison du nombre et de l’âge des enfants. La duchesse porterait alors sur ses genoux le tout jeune François, futur duc et empereur. Son frère aîné Louis, âgé de cinq ans, se tiendrait près de son oncle à gauche. Il vient de « passer aux hommes » et arbore un costume masculin à la hongroise ou à la polonaise, contrairement à son frère cadet Léopold-Clément qui, à deux ans, est encore habillé en fille. Vêtu d’une robe rouge, il caresse le lévrier retenu par un page à droite. Derrière lui, la princesse aînée, Charlotte, est debout près de sa mère. À gauche, aux pieds de Charles-Joseph, évêque d’Olmütz et d’Osnabruck, autre frère de Léopold, la petite fille en robe bleue serait Gabrielle, âgée alors de 6 ans. Elle est assise à côté de sa jeune sœur Gabrielle-Louise, qui devait mourir en juin 1709, sans doute quelques semaines après la réalisation de cette esquisse, qui ne semble pas avoir donné lieu à une composition plus aboutie.
Thierry Franz
Historique :
Achat en vente publique en 1852.
Une seconde version est conservée en collection particulière. Une copie au pastel du début du XXe siècle est conservée au musée du château des Lumières à Lunéville.
Exposition :
Lothringens Erbe. Franz Stephan von Lothringen (1708-1765) und sein Wirken in Wirtschaft, Wissenschaft und Kunst der Habsburgermonarchie, Innsbruck, schloss Schallaburg, 2000
Bibliographie :
VOREAUX Gérard, Les Peintres lorrains du dix-huitième siècle, Paris, éditions Messene, 1998.
VOREAUX Gérard, « La peinture dans le décor de la Cour pendant le règne du duc Léopold », dans CHARLES-GAFFIOT Jacques (sous la dir. de), Lunéville. Fastes du Versailles lorrain, Paris, éditions Didier Carpentier, 2003, p. 89-97.
ROZE Francine, « “Madame Léopold”, Élisabeth-Charlotte d’Orléans, duchesse de Lorraine (1676-1744) », Lunéville. Les Cahiers du château, n°3, 2007, p. 24-29.