Le Palais des Treize de Metz

Claude Chastillon

Claude Chastillon (1559 ou 1560, Châlons-en-Champagne – 1616, Châlons-en-Champagne)
Attribué à Matthäus Merian l’Ancien, graveur (1593, Bâle – 1650, Bad Schwalbach)
Vers 1614
Gravure à l’eau-forte
H. 16,6 cm ; l. 19,1 cm (au trait carré)
Nancy, Bibliothèque municipale, FG 7 Metz 504.

Cette gravure de l’architecte et topographe royal Claude Chastillon, réalisée au cours de son long tour de France qui le mène à Metz vers 1614, et plus tard reprise dans son recueil posthume intitulé la Topographie françoise, est révélatrice. Elle représente un bâtiment érigé au début du XIVe siècle, selon des inspirations gothiques et en pierre de Jaumont, pour servir d’Hôtel de Ville après l’émancipation de la cité du pouvoir de l’évêque. Il n’est pas certain que cette vue soit parfaitement réaliste, mais il est certain qu’il s’agit, en 1614, d’un centre de pouvoir traditionnel, siège du Magistrat, composé du maître-échevin, de son conseil et des Treize, dépositaires de la justice criminelle.

Depuis 1552 et l’occupation française, ce Palais des Treize continue à servir au Magistrat, mais il est assez clair que les pouvoirs de ce dernier tendent à se restreindre avec l’influence des agents du pouvoir royal sur place. La résistance des autorités municipales à ces reculs n’en est pas moins réelle, et quand Henri IV passe à Metz en 1603 et évoque l’installation d’un parlement en ville, les oppositions sont vives.

Ce n’est qu’en 1633, après une nouvelle visite royale de Louis XIII, que le parlement est réellement installé en ville : désormais, la souveraineté française sur cette cité qui est pourtant encore juridiquement une ville libre d’Empire est claire, puisque les parlements sont des cours de justice où l’on rend des sentences au nom du roi. Symboliquement, et de façon assez violente pour les Messins, le parlement est installé dans le Palais des Treize, ce qui s’accompagne d’une suppression des aigles impériales et d’un progrès des fleurs de lys dans le bâtiment.

Si le Magistrat se maintient encore quelques années dans sa forme traditionnelle, l’installation de bailliages en 1641 y met définitivement fin. La normalisation de Metz est en marche et les traités de Westphalie (1648) ne font qu’entériner une situation déjà acquise en donnant la souveraineté au roi sur les Trois-Évêchés.

Julien Léonard

Bibliographie :

MICHEL Emmanuel, Histoire du Parlement de Metz, Paris, Techner, 1845.

ZELLER Gaston, Le siège de Metz par Charles-Quint, octobre-décembre 1552, Nancy, Société d’impressions typographiques, 1943.

RAVAUX Jean-Pierre, Claude Chastillon (vers 1560-1616) et sa « Topographie française » à l’aide de renseignements inédits, Châlons-en-Champagne, Éditions de la Société des amis des musées de Châlons-en-Champagne, 1998.