Voyage du roy à Metz [...]

Alexandre Vallée et Geoffroy de Langres

Collectif
Alexandre Vallée (1558, Bar-le-Duc – vers 1618 ?)
Geoffroy de Langres (actif au XVIe siècle) (graveurs)
Metz, Abraham Fabert (vers 1560-1638), 1610
Voyage du roy à Metz, l’occasion d’iceluy : Ensemble les signes de resjouyssance faits par ses habitans pour honorer l’entrée de Sa Majesté

Imprimé
H. 30,3 ; l. 20,2 cm (fermé)
Nancy, Bibliothèque municipale, 50 434

La parution en 1610, chez l’imprimeur et magistrat Abraham Fabert, d’un livret sur le voyage d’Henri IV à Metz est un événement. Il a fallu attendre sept ans depuis le passage du roi (1603) pour parvenir à cette publication. Sans doute celle de la pompe funèbre du duc Charles III de Lorraine à Nancy a-t-elle accéléré les Messins. Le Magistrat a soigné les gravures et les illustrations réalisées par les artistes Alexandre Vallée et Geoffroy de Langres.

Cet ouvrage remplit de nombreuses fonctions. Tout d’abord, il s’agit de défendre la fidélité des Messins vis-à-vis du roi qui est qualifié de « souverain » depuis les années 1580 et qui vient régler un problème ayant opposé les bourgeois à un commandant de la garnison. Le livret montre toute la déférence dont font preuve les dirigeants messins, notamment autour de Fabert ou du procureur royal Pierre Joly. Par le jeu des architectures éphémères, des rituels d’entrée ou de feux d’artifice, l’attitude est celle de la soumission, alors que juridiquement la ville est toujours impériale.

Montrer au monde la tranquillité de Metz est aussi un objectif avoué de ce livret. La ville, peuplée presque pour moitié de catholiques et de réformés, tente de prouver son unité face aux défis qui se dressent devant elle : alors même que des tensions confessionnelles existent, celles-ci sont cachées, sans doute pour respecter le travail de pacification du roi, quelques années après l’édit de Nantes de 1598.

Enfin, il s’agit de laisser un message à la postérité. La cartographie de Metz et du Pays messin, présente dans certains exemplaires et de la main de Geoffroy de Langres, dresse le portrait d’une cité qui, paradoxalement, prend conscience de sa perte d’indépendance.

Finalement, ce livret constitue un témoignage de l’inféodation de la ville à la France. Paru l’année de la mort du roi, le texte rend visible, le rattachement définitif de Metz à la France et anticipe la création du parlement qu’évoquait Henri IV lors de son voyage messin.

Julien Léonard

Bibliographie :

ZELLER Gaston, « Le Voyage du Roy à Metz (1610) et ses auteurs probables », Annuaire de la SHAL, 1923, t. 32, p. 417-437.

THOMAS Danièle, « Henri IV à Metz en 1603. Le Voyage du roi imprimé par Abraham Fabert », Cahiers Élie Fleur, n°10, 1994, p.49-77.

CULLIÈRE Alain, « Metz en 1610, visible, lisible », Les Carnets de Medamothi, 2009-2010, p. 14-25.