Portrait de la Ville et Cité de Metz
Anonyme
Après 1610
Huile sur toile
H. 152,5 ; l. 194,5 cm
Metz Métropole, Musée de La Cour d’Or, inv. 12021
Cette grande toile représentant la ville de Metz vers 1610 s’inspire de plans plus précis, comme notamment le plan dit « de Fabert », imprimé en 1610 sur un dessin de Geoffroy de Langres dans le livret publié à propos du voyage d’Henri IV à Metz en 1603. Cette peinture le reprend exactement, tout en gommant la précision des îlots d’habitation, ne conservant que le tracé des rues et les principaux édifices.
Pourtant, ce dessin constitue un document très important, car il entretient une identité municipale très forte. On sait qu’il sert à décorer des endroits symboliques du pouvoir local messin, mais, surtout, on observe bien le maintien de la fierté messine, notamment dans le cartouche, en haut à gauche, où l’on peut lire : « La ville de Metz, renommée entre celles de l’Europe non seulement pour son antiquité et sa grandeur ou délices de son assiette, mais pour la probité et candeur de ses citoyens ».
En 1610, Metz est en effet à la croisée des chemins, et la lutte pour la conservation de cette identité est centrale : depuis 1552, le roi de France occupe militairement la cité, toujours théoriquement ville libre d’Empire. Mais, progressivement, son autorité se fait souveraine et, face à la perte lente mais réelle de pouvoir des magistrats municipaux, il est révélateur que les Messins cherchent à afficher la gloire de leur ville. Pourtant, on observe bien sur cette peinture les grandes originalités de la cité, sur laquelle les rois de France veillent avec prudence. On voit ainsi la pluralité confessionnelle de ses habitants, avec la cathédrale et la grande densité d’églises (paroissiales, collégiales, conventuelles), mais aussi la présence de minorités, réformée et juive, avec leurs cimetières (le plan Fabert montre aussi un temple et la synagogue). On remarque aussi, et surtout, l’emprise topographique d’une nouvelle fonction urbaine, avec l’apparition de la citadelle, construite dans les années 1560 et qui fait de Metz une des clefs de la frontière française dans l’espace lorrain.
Julien Léonard
Bibliographie :
ZELLER Gaston, La réunion de Metz à la France (1552-1648), Paris, Les Belles Lettres, 1926, 2 vols.
CULLIÈRE Alain, « Metz en 1610, visible, lisible », Les Carnets de Medamothi, 2009-2010, p. 14-25.
MARTIN Philippe, Une Renaissance lorraine (1508-1608), Metz, éditions Serpenoise, 2012.