Saint Pierre

César Bagard

Cat. 37
César Bagard
(Nancy, 1620 – 1707)
Saint Pierre
2e moitié du XVIIe siècle
Calcaire
H. 167 ; L. 71 ; Pr. 36 cm
Inv. 95.4
Don Hesse, 1861

Né à Nancy en 1620, César Bagard fit son apprentissage chez le sculpteur Jean Gérard. Dans le contexte de l’occupation française des duchés lorrains, ses premières œuvres documentées furent réalisées pour la ville de Nancy lors des entrées triomphales de la maréchale de La Ferté-Senneterre, épouse du gouverneur français des duchés, en 1655, puis de Louis XIV, en 1657. En 1669, huit ans après que le duc Charles IV de Lorraine fut rentré en possession de ses duchés, ce dernier lui conféra la charge de sculpteur ordinaire. Malgré le retour des français en Lorraine, dès l’année suivante, Bagard reçut de nombreuses commandes d’œuvres religieuses et de monuments funéraires pour les églises nancéiennes. Il exécuta ainsi vers 1669 une Vierge à l’Enfant pour l’église des Carmes de Nancy inspirée de celle d’Antonio Raggi installée quelques années plus tôt dans l’église des Carmes parisiens.

Offerte au musée en 1861, cette statue de saint Pierre correspond peut-être à l’œuvre mentionnée par Dom Calmet dans le cloître du couvent des Cordeliers de Nancy en 1751. Traditionnellement plutôt représenté avec les clés du Paradis, le premier apôtre porte ici la croix renversée de son martyre. Ne se jugeant pas digne de mourir de la même manière que le Christ, Pierre souhaita en effet être crucifié la tête en bas. Comme pour les trois statues du monument funéraire de Jean des Porcelets de Maillane (cat. 34, 35 et 36), le style de l’artiste est aisément identifiable. On reconnaît parfaitement le traitement emblématique des yeux à l’iris creusé en forme de virgule et à la caroncule lacrymale marquée, ou celui des longs doigts aux gestes gracieux. Son index est ainsi posé sur la croix de la même manière que celui de la Foi du monument de Porcelets de Maillane. L’œuvre fut très certainement destinée à être placée contre un mur car son revers n’est pas sculpté. À son arrivée au musée, elle fut identifiée par erreur comme le Saint Jean de la Croix que Bagard exécuta, en pendant d’une Sainte Thérèse, pour l’une des deux niches encadrant le maître-autel de l’église des Carmes de Nancy. Elle fut réidentifiée en 2001 par Isabelle Bianchi-Marchesseau.

L’artiste sculpta saint Pierre au moins une seconde fois, en 1692, dans une des niches de la façade de la chartreuse de Bosserville, située non loin de Nancy. Cette œuvre est loin d’être une copie servile du saint Pierre conservé au musée. La tête de l’apôtre comporte une chevelure plus abondante, des yeux à l’iris non creusé et un nez plus fin, ce qui interroge la part prise par son fils Toussaint, qui travailla avec lui sur le chantier de la façade. Si on retrouve un costume proche aux lourds drapés, Pierre ne porte plus sa croix mais les clés du Ciel et des sandales au lieu de chaussures fermées.

Pierre-Hippolyte Pénet

Historique :

Offert en 1861 par M. Hesse, organiste de la cathédrale, et placé dans la galerie des Cerfs. Mentionné dans la salle « L’art classique en Lorraine » en 1946 puis exposé dans la galerie Léopold jusqu’en 2007. Restauré et installé dans l’église des Cordeliers en 2018.

Bibliographie :

CALMET (Augustin), Bibliothèque lorraine, ou Histoire des hommes illustres qui ont fleuri en Lorraine, dans les Trois Évêchés, dans l’archevêché de Trèves, dans le duché de Luxembourg, etc, Nancy, Leseure, 1751, p. 71.

« Dons faits au musée lorrain », Journal de la Société d’archéologie et du comité du Musée lorrain, Nancy, Lepage, 1861, p. 131.

MAROT (Pierre), Musée historique lorrain. La sculpture du XIIe au XVIIIe siècle, Nancy, Éditions du Pays lorrain, 1938, p. 23.

BIANCHI-MARCHESSEAU (Isabelle), « Saint Jean de la Croix par César Bagard. Une statue du Musée lorrain », Le Pays lorrain, septembre 2001, n°3, p.177-182.

PÉNET (Pierre-Hippolyte), « César Bagard, un sculpteur lorrain dans le Grand Siècle », L’Objet d’art, n°574, janvier 2021, p. 56-67.