Œuvre majeure

Cavalier à l’Anguipède

Époque gallo-romaine, 2e moitié du IIe siècle – 1ère moitié du IIIe siècle
Calcaire, ronde-bosse
H. 380 ; L. 100 ; P. 80 cm
Grand (88)
Inv. 2005.0.245
Achat, 1897

Ce groupe sculpté représente Jupiter à cheval, la tête ceinte d’une couronne de lauriers, brandissant son foudre (aujourd’hui disparu) de la main droite ; les pattes avant de son cheval surmontent un Génie ailé.

Cette œuvre témoigne de l’assimilation des divinités gauloises à celles de Rome. Les images de Jupiter à cheval, ou assis sur un trône, apparaissent dans les provinces de la Gaule aux IIe et IIIe siècles. Elles seraient liées à un culte privé, ce qui en explique le grand nombre.

Les 44 fragments composant notre groupe ont été trouvés sur l’important site antique de Grand, dans les Vosges, à la fin des années 1890, au fond d’une citerne. Il est possible que la sculpture y ait été volontairement projetée, une fois brisée, afin de la rendre inutilisable. Un morceau de colonne d’un mètre de hauteur, acheté par le musée dans les mêmes années, est utilisé depuis la fin du XIXe siècle pour restituer la hauteur présumée de l’œuvre.

Bien qu’il s’apparente au type des cavaliers à l’anguipède, monstre à la forme d’homme aux membres inférieurs terminés en queue de poisson ou de serpent, ce groupe présente plusieurs particularités : il repose sur un socle quadrangulaire alors que, généralement, le cavalier surmonte directement le chapiteau couronnant la colonne ; surtout, le cheval du dieu ne domine pas un anguipède, mais un Génie ailé. Ces particularités sont peut-être dues à l’intervention de Lucien Wiener, conservateur du Musée lorrain entre 1869 et 1908, à qui l’on doit le rapprochement des fragments ayant permis la reconstitution du groupe. Cette reconstitution ne s’est peut-être pas limitée à d’importantes restitutions, notamment la patte arrière droite du cheval, mais a sans doute amené Wiener à se livrer à une part d’interprétation.