Abraham Gessner (1552, Zürich -1613, Zürich)
2e moitié du XVIe siècle
Argent repoussé, fondu, repercé, ciselé, gravé, guilloché et doré ;
Émail peint (bleu) et émail champlevé (tête des boulons) ;
fer (sphère armillaire) ; décor rapporté ; boulons
H. 46 ; D. à l’ouverture 14,7 ; D. au pied 13,9 cm
Inv. D.95.974
Dépôt de la bibliothèque municipale de Nancy, vers 1875-1878
Attribué à l’orfèvre zurichois Abraham Gessner et datant de la seconde moitié du XVIe siècle, ce hanap, autrement dit cette coupe à boire, en argent partiellement doré se compose de quatre éléments. Un pied aux motifs ciselés est surmonté d’un boulon recouvert d’un décor d’émaux figurant des enroulements de fleurs et d’oiseaux exotiques. Ce socle est surmonté d’une tige qui revêt ici la forme d’un Hercule, nu, tenant de sa main droite une corne d’abondance dont il cueille un fruit de sa main gauche. Cette référence mythologique en appelle une autre : celle d’Atlas, également appelé Portera Tera, qui signifie « celui qui porte la terre », en l’occurrence ici, un globe terrestre surmonté d’une petite sphère armillaire. Le soin avec lequel la géographie est traitée sur ce globe, nous permet d’avancer l’hypothèse que ce hanap était considéré comme un véritable outil de savoir et de science plutôt que comme un simple récipient servant à boire.
En Lorraine, au XVIe siècle et sous l’impulsion du duc Charles IV et de sa Cour, de nombreux instruments de savoir seront commandés. Les globes terrestres et les sphères célestes se multiplieront, tout comme les vues à vol d’oiseau et les plans, offrant ainsi aux commanditaires de nouveaux outils de savoir et de pouvoir.
En 1663, Charles IV fera don de ce hanap au couvent des Tiercelins de Sion et lui octroiera ainsi son statut d’objet religieux. Reconnu d’intérêt scientifique par une commission en charge de l’examiner, il sera sauvé de la fonte en 1795 et conservé à la bibliothèque de la ville de Nancy avant de rejoindre les collections du Musée lorrain en 1875.