Œuvre majeure

Prométhée déchiré par un aigle

Nicolas-Sébastien Adam (1705, Nancy – 1778, Paris)
Vers 1738
Terre cuite modelée
H. 47 ; l. 40 ; P. 30 cm
Inv. 52.2.3
Achat à Mme Decourcelles, 1952

L’épisode mythologique représenté par le sculpteur Nicolas-Sébastien Adam est celui du supplice de Prométhée, Titan qui osa dérober le feu sacré de l’Olympe pour l’offrir aux hommes. Zeus, furieux, décide alors de lui infliger un terrible châtiment : enchaîné au sommet du mont Caucase, un aigle vient chaque jour lui dévorer le foie, qui constamment, se régénère.

Au XVIIIe siècle, l’ambition de tout jeune artiste consiste à intégrer l’Académie royale de peinture et de sculpture pour parfaire sa formation. Pour ceci, il faut présenter une œuvre, qui, en cas d’agrément, permet à l’artiste d’intégrer l’Académie et d’exposer au Salon. Datant de 1735, cette esquisse d’une grande virtuosité constitue le  « morceau d’agrément » de Nicolas-Sébastien Adam, artiste issu d’une famille de sculpteurs lorrains. S’illustrant tant à Rome qu’à Paris, Adam n’exécutera son « morceau de réception » en marbre, qui figure aujourd’hui dans les collections du musée du Louvre, qu’en 1762.

L’œuvre s’inscrit pleinement dans le répertoire académique : sa composition se développe dans un tourbillon de douleur compact et dense où la souffrance du héros se perçoit dans son corps écartelé aux muscles tendus et aux veines gonflées, mais également au travers de son visage parcouru par de multiples expressions. Adam accorde une importance majeure au rendu de l’anatomie traduisant ainsi au mieux le tourment de ce héros. On retrouve cette même volonté dans le groupe du Laocoon, daté du Ier ou IIe siècle avant J-C, et conservé au musée Pio-Clementino au Vatican, où, dans un dernier combat face à la mort, les affects de la souffrance humaine sont sensiblement perceptibles. Contrairement au sentiment de retenu qui se dégage de ce groupe, l’œuvre d’Adam reflète une certaine exubérance, propre au style baroque.

Au XVIIIe siècle, ce thème, au même titre que les sujets historiques et religieux, a pour vocation d’instruire et d’éduquer le spectateur.