Œuvre majeure

La Cène

Florent Drouin (Nancy, 1540 - 1612)
1582
Haut-relief en pierre polychrome
Inv. D.95.6

Ce grand relief a été sculpté en 1582 par Florent Drouin pour le maître autel de l’église Saint-Epvre de Nancy. En 1863, lorsque l’ancienne église fut démolie pour laisser place à la basilique actuelle, le relief fut mis à l’abri au Musée lorrain, puis vraisemblablement installé dans l’église des Cordeliers dans les années 1930.

Florent Drouin, est un sculpteur nancéien qui vécut entre 1540 et 1612. Après un séjour à Rome, il revient en Lorraine en 1568 et travaille notamment au service du duc Charles III. On lui doit également le Monument funéraire du cardinal de Vaudémont qui se trouve dans l’église des Cordeliers.

Ici, dans le dernier repas du Christ avec ses apôtres, on reconnaît saint Jean, assis à la gauche de Jésus se blottissant sous son bras et Judas à l’extrême gauche, tenant la bourse reçue en échange de sa trahison. Les autres apôtres ne portent pas de signes distinctifs. Un dais imposant est situé au dessus de la tête du Christ, encadré de rideaux ornés de lambrequins et retenus par des rubans noués.

La sculpture témoigne de prime abord d’une grande qualité : le mouvement des drapés, les ornementations soignées, les nombreux détails aux motifs variés comme les pieds de table à décor de sphinge, les sandales à tête de lion, ou sur les chants, les montants des sièges à décor floral. Autant d’éléments qui montrent l’aisance du sculpteur ; pour autant certains aspects de la composition sont approximatifs, comme la position de certains pieds, incohérente par rapport aux bustes. Les têtes ont quant à elle été retaillées, mais on suppose que cette intervention a eu lieu après la dépose du relief vers la fin du XIXe siècle. L’ensemble était initialement polychrome comme en témoignent les traces subsistantes.

En 2011, cette œuvre a fait l’objet d’une étude préalable à la restauration menée par le groupement de restaurateurs spécialisés en sculpture en pierre, Hubert Boursier, Marie Payre et Jeanne Cassier. L’étude a conclu que l’œuvre est structurellement en bon état et que la polychromie est assez bien conservée, sauf sur la zone correspondant aux têtes des personnages qui ne présente presque plus aucun reste de peinture. Par ailleurs, la polychromie originale est recouverte de nombreuses couches de surpeints (au moins huit interventions successives ont été observées par les restaurateurs).

Cet état de surface perturbé est encore accentué par la retaille des têtes des personnages, dont la réduction générale et, pour le Christ et plusieurs apôtres, le léger décalage du cou par rapport à la tête, rendent l’ensemble très inesthétique.

Cet état irréversible a amené l’équipe de conservation et les restaurateurs à mettre en œuvre, en 2015, un traitement de restauration adapté afin de garder la cohérence historique de l’œuvre mais d’atténuer les aléas qu’elle a connus. Ainsi, un nettoyage et une retouche homogène ont été privilégiés permettant de mettre les têtes visuellement en retrait afin de privilégier les parties intactes de l’œuvre qui demeurent de belle qualité.

 Oeuvre restaurée en 2015