Œuvre majeure

Monument commémoratif de la mort de Charles de Bourgogne dit «Croix de Bourgogne»

Grillot, architecte
1821-1822
Calcaire taillé, sculpté
H. 440 ; l. 120 ; Pr. 120 cm
Inv. D.2008.0.2
Dépôt de la Ville de Nancy, 1934

Cette croix monumentale témoigne d’un événement parmi les plus illustres de l’histoire ducale lorraine : la bataille de Nancy qui opposa Lorrains et Bourguignons en 1477.

Le duc de Bourgogne Charles le Téméraire est à cette époque l’un des plus puissants seigneurs d’Occident. Ses prétentions débordantes inquiètent les plus grands, du royaume de France  jusqu’au Saint Empire. Il ambitionne, notamment, la création d’un grand royaume réunissant ses possessions, depuis la  Bourgogne au sud jusqu’aux Flandres au nord. La prise de la Lorraine en 1475, le lui permet en partie. Encouragé par le roi de France, lui aussi menacé, le duc de Lorraine René II va chercher auprès des Suisses, le soutien indispensable à la reconquête de son duché. Rejoints par les Alsaciens, ils partent à l’assaut de l’envahisseur bourguignon et emportent la victoire finale le 5 janvier 1477 à Nancy. Le duché de Lorraine entre alors dans une ère d’indépendance.

Le corps du Téméraire, retrouvé cinq jours plus tard gisant à une extrémité de l’étang Saint-Jean, est traité par son rival avec les égards dus à un prince chrétien. Peu de temps après la bataille, René II fait lever, en signe de piété et de triomphe, une croix de Lorraine à l’endroit même de son trépas. La croix à double traverse, avait été amenée d’Anjou par son grand-père René Ier. Elle était devenue le symbole de ses troupes. Au lendemain de la bataille de Nancy, elle est adoptée comme emblème de la maison ducale.

Malgré la présence continue d’un monument depuis le XVesiècle, les différentes reprises empêchent la connaissance certaine de sa forme initiale et de l’inscription primitive. Ce monument à la colonne corinthienne néoclassique serait le quatrième, construit modestement grâce à une subvention lancée en 1821 au bord de l’étang Saint-Jean. Déplacé une première fois suite aux travaux d’urbanisme, il subsistera un temps sur la nouvelle Place de la Croix de Bourgogne construite sur l’étang désormais asséché, avant d’être finalement déposé au musée et remplacé par le monument actuel de Victor Prouvé achevé en 1933.