Œuvre majeure

Vue de la Place de Grève et du Cours de la Liberté

Attribué à Jean-Baptiste Claudot (1733, Badonviller - 1805, Nancy)
1801
Huile sur toile
H. 85,2 cm ; l. 105,8 cm, P. 1,9 cm
Inv. 95.679
Don de M. Mennessier, 1881

Exécuté en 1801, quatre ans avant la mort de Jean-Baptiste Claudot, ce tableau montre la place de Grève (qui deviendra place de l’Académie, puis place Carnot), lieu des exécutions à Nancy, à l’époque révolutionnaire. Il fut commandé par la famille Menessier-Lallement, qui habitait la maison Collenot, située à l’angle de la rue des Michottes et de la place de l’Académie.

Cette œuvre constitue un document précieux pour la connaissance des aménagements urbains menés à Nancy au tournant du XIXe siècle : une partie des fortifications a été détruite en 1778 en vue de la création d’un quartier « moderne » ; bien qu’interrompus par la Révolution (épargnant les vignes se trouvant à l’extrême gauche du tableau), ces travaux ont déjà permis la création de l’esplanade du cours Léopold ; la porte Saint-Louis ou Stainville (aujourd’hui porte Désilles) est en place depuis 1785 ; des maisons neuves viennent de remplacer l’ancienne vénerie des ducs de Lorraine. Au fond se dressent les coteaux de Boudonville et le plateau de Malzéville.

Élément à la présence anachronique, la colonne antique permet au peintre d’atténuer le caractère trop sèchement topographique de cette vue dont il anime le premier plan dans le même but : le petit peuple vaque à ses occupations quotidiennes sous la vigilance de la maréchaussée ; rappel de l’actualité révolutionnaire, le groupe de saltimbanques brandit ce qui tenait lieu de « cahier de doléances », vaste tableau compartimenté où étaient inscrites des complaintes commentées par le baladin. Le peintre s’inspire ici des vedute de Piranese, Pannini ou Hubert Robert qui n’hésitaient pas à ajouter une note de fantaisie ou un élément purement imaginaire à leurs compositions.

Oeuvre restaurée en 2005