Émile Friant (Dieuze, 1863 - Paris, 1932)
1883
Pointe sèche
Annotation au crayon dans la marge inférieure à droite : E. Friant par lui-même
H.16,2 ; L. 12 cm à la cuvette
Inv. 2006.0.6277
Legs Wiener en 1939
C’est en 1883 qu’Émile Friant expérimente pour la première fois l’art de la gravure, peut-être avec cet autoportrait.
La composition de l’ensemble rappelle ici le cadrage utilisé fréquemment pour les portraits photographiques de l’époque, l’artiste s’étant représenté de trois-quarts, assis à mi-jambe. Nul besoin d’attributs ou de décor plantés dans la scène, c’est dans son attitude que l’on saisit ce qu’il fait. La tête légèrement avancée hors des épaules et le regard de biais, les genoux relevés servant d’appui au bras et à la main droite, donnent l’impression de concentration et d’observation : l’artiste s’est interrompu dans son dessin pour fixer le spectateur.
Friant a sans aucun doute partagé ses nouvelles expériences de gravures avec son ami Victor Prouvé. La même année, ce dernier réalise un portrait de Friant, sa première pointe sèche, et Friant grave un portrait de Prouvé dans son atelier parisien.
Peu d’épreuves ont été tirées de la gravure : on ne connaît actuellement que les exemplaires conservés au Musée lorrain. Tout comme les épreuves, la plaque de cuivre, sur laquelle l’artiste a gravé son dessin pour l’impression en multiple, provient du legs de René Wiener en 1939. Le collectionneur, grand amateur d’estampes contemporaines, s’était attaché à collecter non seulement les différents états des gravures, mais aussi les éléments d’impression. Il possédait ainsi quatre matrices de gravures d’Émile Friant. Essentielles à la compréhension de la conception d’une estampe, elles sont aujourd’hui très rares, car elles ont été généralement biffées, détruites ou réutilisées après le tirage de l’estampe, pour éviter les retirages tardifs.