Berthe de Souabe (1123-1195) appartient à la dynastie des Hohenstaufen, qui s’installe sur le trône du Saint-Empire à la fin des années 1130 : elle est la nièce de l’empereur Conrad III et la sœur du futur Frédéric Barberousse. Vers 1138, elle épouse Mathieu de Lorraine, qui devient duc l’année suivante sous le nom de Mathieu Ier. À sa mort, en 1176, le duc est inhumé dans l’abbaye cistercienne de Clairlieu, en forêt de Haye (aujourd’hui sur la commune de Villers-lès-Nancy), qu’il a fondée en 1159. Berthe l’y rejoint en 1195.

Dans la première moitié du XIVe siècle, soit 150 ans après la mort du couple ducal, on décide de doter la sépulture des époux d’un cénotaphe honorant leur mémoire. Érigé dans l’église abbatiale, ce cénotaphe est vu et décrit par l’abbé Lionnois à la fin du XVIIIe siècle : le sarcophage supportant les gisants du duc et de la duchesse est orné de niches dans lesquelles figurent des sculptures de religieux en pleurs, image de la peine des moines suite au décès du fondateur de leur établissement. Ce monument et les bâtiments de l’abbaye sont en grande partie détruits lors de la période révolutionnaire. Au milieu du XIXe siècle, seuls subsistent quelques murs, notamment l’hémicycle du chœur de l’église abbatiale, « caché sous les broussailles », ainsi que deux fragments des gisants du duc et de la duchesse, dont notre buste. À cette époque, il est scellé au dessus de la grange d’une habitation située à côté de l’ancienne abbaye.

Offert au musée en 1935, il montre Berthe vêtue d’une guimpe qui lui dissimule le cou, les oreilles, une partie des joues et du menton, et qui encapuchonne ses cheveux. Elle porte un voile sur la tête. La forme des plis de ce voile rappelle certaines œuvres de Champagne et d’Île-de-France, qui auraient pu inspirer le sculpteur du gisant de la duchesse.