Louis Guingot (1864, Remiremont – 1948, Lay-saint-Christophe)
Vers 1928-1929
Peinture à la colle
H. 95; l. 174 cm
Inv. 2015.10.1
Don de Marie-Élisabeth Gabriel, 2015
C’est la fin de l’hiver. Les premiers rayons du soleil pénètrent un sous-bois, vraisemblablement celui d’une forêt autour de Custines, au confluent de la Meurthe et de la Moselle. Les silhouettes sombres des arbres rythment la composition. Le peintre, Louis Guingot, est un fin observateur de la nature : il rend avec beaucoup de soin les branches dénudées. Au loin, à l’horizon, après la forêt, se devinent une clairière ou des parcelles à cultiver. Louis Guingot traduit les couleurs de la campagne lorraine en mettant en œuvre une technique originale : la peinture à colle, sur une toile lâche et grossière, technique issue de son expérience de décorateur.
Lorsqu’il peint ce paysage, à la toute fin des années 1920, Louis Guingot est un artiste confirmé, qui a connu les grandes heures de l’École de Nancy. Il a participé, dès 1894, à la première exposition des Arts décoratifs à Nancy, aux galeries Poirel, aux côtés de Victor Prouvé, Antonin Daum, Émile Gallé ou encore Camille Martin. Il est devenu le décorateur de l’École de Nancy. Il a inventé, au début du siècle, un procédé destiné à rendre la peinture sur tissu résistante à l’eau et au soleil (les « étoffes peintes de Nancy »). Pendant la Grande Guerre, il avait cherché à mettre à profit son travail en proposant à l’État-Major français une première veste de camouflage, en partenariat avec l’entrepreneur et mécène Eugène Corbin ; proposition déclinée.
Après guerre, Louis Guingot s’installe à Custines, aux portes de Nancy, où il consacre sa peinture à la nature et à l’étude des lumières du printemps et de l’automne. Dans le même temps, il se lie d’amitié avec Antoine Julien, le maire du village. C’est au fils de ce dernier qu’il offre notre grand tableau, à l’occasion de son mariage, le 2 avril 1929. Ce tableau s’inscrit dans la série des paysages forestiers peints par l’artiste et conservés au musée d’art et d’histoire de Toul, au musée Pierre Noël de Saint-Dié des Vosges, au musée Charles Bruyères de Remiremont ou encore au musée d’art ancien et contemporain d’Épinal.