Le parterre du Palais ducal en 1673
Anonyme
2e moitié du XVIIe siècle ?
Huile sur toile
H. 145 ; l. 216,5 cm
Nancy, Palais des ducs de Lorraine - Musée lorrain,
inv. D.72.2.1
Dépôt du musée du Louvre, 1972
Le 1er septembre 1670, dans le contexte de préparation de la guerre de Hollande, la France occupe une seconde fois Nancy et les duchés lorrains. Charles IV a quitté précipitamment son palais pour ne plus y revenir. Cette peinture fixe un moment particulier de cette occupation : le passage de Louis XIV au palais alors qu’il se rend en Alsace en 1673.
Dans les jardins ducaux, le temps s’est comme suspendu sous le regard d’un acteur privilégié, le roi. En effet, presqu’au centre du tableau, trois évêques : peut-être celui de Toul au centre, de Metz à droite et de Verdun à gauche. La foule des nobles et grands personnages – dont le prince de Condé – regarde du côté des appartements ducaux : où est le roi ? Vraisemblablement à la fenêtre de ces appartements qu’il a occupés lors de son séjour, pour semble-t-il, s’y trouver au moins aussi bien qu’au Louvre. C’est certainement lui que tous regardent, car comment expliquer que les hommes soient découverts ? Les trompettes, dans l’Orangerie à droite, annonce sa venue, alors que les musiciens - à gauche - jouaient jusqu’alors pour cette réception. Le nouveau maître des duchés assoit sa domination qu’il a déjà confirmée sur les Trois-Évêchés en 1648.
La perspective décalée du tableau joue sur un plan très large afin de faire voir, à gauche, la Tour du Trésor des Chartes. Au premier plan y figure l’aristocratie. Plus loin sur les jardins du bastion des Dames, un autre groupe de nobles apparait tandis qu’à l’arrière-plan, vers l’Est, s’étend le paysage, image lointaine des terres conquises.
Quelques années plus tard, lors des négociations de Nimègue (1678), Louis XIV refuse de restituer les duchés au nouveau duc Charles V, considérant qu’ils lui appartiennent désormais en vertu du traité de Montmartre (1662) signé par Charles IV. La politique des réunions et la trêve de Ratisbonne semblent un temps donner raison à cette politique, même si le traité de Ryswick restitue les duchés à Léopold Ier. Pour le palais ducal, ce retour du souverain légitime ne marque cependant pas un renouveau réel : l’avenir est à présent à Lunéville.
Laurent Jalabert
Bibliographie :
ANDRÉ Louis, Michel Le Tellier et Louvois, Armand Colin, Paris, 1942.
CORVISIER André, Louvois, Paris, Fayard, 1983.
MALETTKE Klaus, Les relations entre la France et le Saint-Empire au XVIIe siècle, Paris, H. Champion, 2001.
CÉNAT Jean-Philippe, Louvois, le double de Louis XIV, Paris, Tallandier, 2015.