Portrait « tracé en écriture » de la statue de Charles-Alexandre de Lorraine érigée à Bruxelles

J. Francx

J. Francx (actif dans la 2e moitié du XVIIIe siècle)
Vers 1775-1780
Dessin à la plume à l’encre brune
H. 61,9 ; l. 35,3 cm
Nancy, Palais des ducs de Lorraine - Musée lorrain,
inv. 2009.0.5794
Fonds d’arts graphiques

Charles-Alexandre de Lorraine voit le jour le 12 décembre 1712 au château de Lunéville, dernier fils du duc Léopold et d’Élisabeth-Charlotte d’Orléans. C’est un petit garçon plein de vie qui séduit sa grand-mère, la princesse Palatine, lors de leur rencontre à Reims en 1722, à l’occasion du sacre de Louis XV. Il mène la vie d’un prince insouciant quand, à partir de 1723, son frère aîné François assume le statut d’héritier. Curieux et passionné de sciences, il suit avec enthousiasme les cours de physique expérimentale de Philippe Vayringe, l’ingénieur et machiniste de son père, fréquente l’observatoire astronomique construit au-dessus de son appartement et veille sur la ménagerie qui complète son petit château édifié à la sortie du parc de Lunéville.

Malgré son « cœur fort français », c’est un destin autrichien qui l’attend, sur les pas de celui de son frère. Charles-Alexandre quitte définitivement la Lorraine et rejoint la cour de Vienne en janvier 1736, lorsque se précise l’abandon de ses États héréditaires par François III. Sa mère aurait pourtant souhaité voir son cadet recueillir cet héritage, espoirs qui se heurtent aux résolutions de la diplomatie européenne. Charles-Alexandre embrasse finalement la carrière des armes. Son heure de gloire intervient en juillet 1744 lorsqu’il franchit le Rhin à la tête des troupes impériales. Sa mère et la cour des fidèles de Commercy se réjouissent, alors que Stanislas quitte Lunéville dans la panique. Jamais pourtant il ne remonterait sur le trône de ses ancêtres. Nommé en 1741 gouverneur général des Pays-Bas autrichiens, c’est à Bruxelles qu’il s’installe en 1749. Il y représente le pouvoir impérial avec toutes les qualités d’un prince des Lumières aimé de son peuple. Les États de Brabant commandent en 1769 une statue en son honneur à Pierre-Antoine Verschaffelt. Francx représente ici de façon originale ce monument à l’antique, grâce à la retranscription des compliments prononcés lors de l’inauguration de 1775 ; quatre autres feuilles comparables sont aujourd’hui connues. Ce prince, qui a toujours conservé parmi ses titres celui de duc de Lorraine et de Bar, meurt en 1780 sans laisser de descendance. Son cœur revient alors à Nancy, déposé dans la crypte de l’église des Cordeliers sur le cercueil de son père Léopold.

Thierry Franz

Historique :

Portrait « tracé en écriture » réalisé à la suite de l’inauguration en 1775 de la statue de Charles-Alexandre de Lorraine érigée sur la nouvelle place Royale de Bruxelles. Provenant du fonds iconographique constitué par la Société d’Histoire de la Lorraine et du Musée Lorrain.

Expositions :

Charles-Alexandre de Lorraine. Gouverneur général des Pays-Bas autrichiens, Bruxelles, Palais de Charles de Lorraine, Bibliothèque Royale, 1987.

Charles-Alexandre de Lorraine, prince de l’Europe des Lumières, Lunéville, Musée du château des Lumières, 2012

Bibliographie :

GALAND Michèle, Journal secret de Charles de Lorraine (1766-1779), édition critique, Bruxelles, Hayez, 2000.

PETIOT Alain, « Le destin manqué du prince Charles-Alexandre de Lorraine», Le Pays lorrain, 2011, n°3, p. 239-250.