Lettre de condoléance adressée par Louis XIV au duc Léopold

Louis XIV

Louis XIV (1638, Saint-Germain-en-Laye – 1715, Versailles)
20 mai 1711
Manuscrit sur papier
H. 22,6 ; l. 16,7 cm (fermé)
Nancy, Société d’Histoire de la Lorraine et du Musée Lorrain

Le mariage du duc Léopold de Lorraine et de son épouse Élisabeth-Charlotte d’Orléans, nièce de Louis XIV, fut célébré en 1698 et suivi d’une nombreuse progéniture. En 1706, la princesse Palatine écrit ainsi : « ma fille ne perd pas de temps : il y a huit ans qu’elle est mariée et la voilà grosse de son huitième enfant ». Entre 1699 et 1718, la duchesse met en effet au monde quatorze enfants et porte une grande importance à leur éducation. Mais ce bonheur familial est bientôt endeuillé par plusieurs disparitions successives. En 1709, les princesses Josèphe-Gabrielle et Gabrielle-Louise tombent malades et meurent. Deux ans plus tard, une terrible épidémie de variole, appelée à l’époque petite vérole, s’abat sur les cours européennes. À Lunéville la princesse Charlotte-Élizabeth, le prince héritier Louis et la princesse Gabrielle-Charlotte sont ainsi emportés en huit jours et enterrés le 4 et le 13 mai dans le caveau de la chapelle ducale des Cordeliers de Nancy. Le duc et la duchesse sont effondrés par la perte de leurs trois aînés âgés respectivement de 11, 7 et 9 ans.

Sept jours après, le roi de France adresse depuis Marly une lettre de condoléance au duc Léopold qui commence en ces termes : « Mon frere et neveu, je partage avec vous vostre juste douleur sur la grande perte que vous venés de faire de vos enfants, je prie Dieu quil vous conserve ceux qui vous restent et quil vous donne touttes les consolations dont vous avés besoin en pareille occasion ». Cette lettre, montrant les liens qui unissaient les cours de Versailles et de Lunéville, est particulièrement touchante car Louis XIV porte lui aussi le deuil de son fils le Grand Dauphin, emporté par cette même épidémie de variole un mois auparavant. L’année suivante, le Grand roi qui pouvait se glorifier d’avoir assuré sa succession sur trois générations perd ensuite successivement son petit-fils et son épouse, le duc et la duchesse de Bourgogne, puis son arrière-petit-fils le duc de Bretagne. Il ne lui reste alors plus que le duc d’Anjou, futur Louis XV, qui devient le nouveau dauphin à l’âge de deux ans.

Pierre-Hippolyte Pénet

Bibliographie :

PFISTER Christian, « Journal de ce qui s'est passé à Nancy depuis la paix de Ryswick conclue le 30 octobre 1697 jusqu'en l'année 1744 inclusivement par le libraire Jean-François Nicolas », Mémoires de la Société d'archéologie lorraine et du Musée historique lorrain, 1899, p. 252.

BRUNET Gustave, Correspondance complète de madame duchesse d’Orléans née princesse palatine, mère du régent, Paris, Charpentier, 1985, 5e édition 2006, p. 372.

ROZE Francine, « Les années lorraines, 1708-1736 », dans collectif, François III de Lorraine, du duc à l’empereur, Ars-sur-Moselle, Serge Domini éditeur, 2008, p. 11.