François de Lorraine, second duc de Guise (1519-1563)

Attribué à Philippe de Champaigne

Attribué à Philippe de Champaigne (1602, Bruxelles – 1674, Paris)
Entre 1630 et 1635
Huile sur toile
H. 218,5 ; l. 118,5 cm
Nancy, Palais des ducs de Lorraine - Musée lorrain,
inv. D.81.7.2
Dépôt du musée du Louvre, 1982

Cette œuvre peut se lire dans deux contextes différents. Si l’on regarde son sujet, on peut voir à quel point le duc François de Guise (1519-1563), petit-fils du duc de Lorraine René II  est lié à ses grands faits d’armes au service de la monarchie française, notamment le siège de Metz. C’est cette cité que l’on voit apparaître en arrière-plan, derrière le rideau qui se lève à côté du duc, lui-même représenté, en armure. Il a gagné une renommée internationale et son surnom de « Balafré » au siège de Boulogne en 1549. Envoyé en 1552 par le roi Henri II défendre Metz récemment occupée et menacée par Charles Quint, le duc réussit à maintenir la cité dans le giron français par une victoire retentissante, préparée par des travaux titanesques qui ont considérablement modifié sa topographie et celle de ses faubourgs.

Si la suite de sa carrière (notamment son engagement dans le camp catholique et son intransigeance manifestée à Wassy en mars 1562, initiant les guerres de Religion) est plus sujette à discussion, cette gloire militaire acquise à Metz reste au cœur de la mémoire que l’on conserve du personnage. C’est là le second contexte dans lequel il faut regarder cette peinture. Elle a été réalisée par Philippe de Champaigne entre 1630 et 1635, à la demande du cardinal de Richelieu, premier ministre de Louis XIII qui souhaitait décorer une galerie de son palais parisien des portraits de tous les grands serviteurs de l’État, de Suger à Lesdiguières. On y trouve donc le duc, avec son frère le cardinal de Lorraine.

L’attribution de ce tableau (qu’il soit l’original du palais de Richelieu ou une copie) à Champaigne, célèbre portraitiste des hommes du pouvoir français de son temps, est assez récente, et a été permise par une comparaison avec une gravure épurée réalisée en 1630 par François Bignon à partir des peintures de la galerie du cardinal. Sous cette gravure postérieure, une devise latine montre le rôle décisif du siège de Metz dans l’abdication de Charles Quint et, par ricochet, la célébrité du duc de Guise.

Julien Léonard

Bibliographie :

MOINET Éric, « Un Philippe de Champaigne retrouvé au Musée lorrain, le portrait de François de Lorraine, duc de Guise (1519-1563) », Le Pays Lorrain, n°4, 2007, p. 231-234.

MARTIN Philippe, Une Renaissance lorraine (1508-1608), Metz, éditions Serpenoise, 2012.

CHRISTIN Olivier et ROZE Francine (sous la dir. de), Un nouveau monde. Naissance de la Lorraine moderne [cat. exp., Nancy, Musée lorrain, 4 mai – 4 août 2013], Paris, Somogy éditions d'art, 2013, cat. 262, p. 386-387 avec illustration p. 49.