Portrait de Charles Quint
Nicolo della Casa
Nicolo della Casa (XVIe siècle)
Vers 1550
Gravure au burin
H. 50,7 ; l. 36,9 cm
Nancy, Palais des ducs de Lorraine - Musée lorrain,
inv. 2006.0.7968
Fonds d’arts graphiques
Charles Quint (1500-1558) est sans doute le prince le plus puissant et le plus emblématique de la Renaissance. Héritier d’un immense empire rassemblant les possessions espagnoles, des Habsbourg et de la famille de Bourgogne, son territoire encercle donc la France : sa rivalité avec François Ier puis Henri II marque l’histoire de l’Occident et son titre impérial (1519) rend ses prétentions universelles. On le voit d’ailleurs sur cette gravure, où se mêlent les symboles impériaux, chrétiens, mais aussi familiaux, comme le collier de l’ordre de la Toison d’Or, fondé par son arrière-grand-père Charles le Téméraire.
La frontière entre la France et ses territoires attire son attention, et s’il donne en 1542 au duc Antoine de Lorraine l’indépendance des duchés au traité de Nuremberg, il essaie de rester influent en mariant sa nièce Chrétienne de Danemark avec l’héritier François. Il visite également Metz à trois reprises dans les années 1540.
Prince chrétien et catholique, il combat les Turcs et les hérétiques sur plusieurs fronts, mais avec des succès divers. C’est dans ce contexte qu’on peut comprendre sa volonté de reprendre rapidement la ville de Metz, occupée en 1552 par son adversaire français soutenu par les princes protestants allemands unis contre lui. Même si cela a été sans doute exagéré par l’historiographie et la propagande française, le poids de l’échec du siège de Metz (1552-1553) a probablement pesé lourd dans la décision de Charles Quint, rarissime dans l’histoire, d’abdiquer progressivement dans ses différents territoires, et de se retirer dans un monastère castillan.
Cette gravure montre les centres d’intérêt et les influences de son auteur peut-être élève de son contemporain Nicolas Béatrizet qui a réalisé à la même époque un portrait gravé aux décors comparables d’Henri II de France. Nicolo della Casa est un artiste dont l’activité est essentiellement lorraine, mais qui, on le voit, s’inspire des modes dans les décors choisis.
Julien Léonard
Bibliographie :
LINZELER André, Inventaire du fonds français / Bibliothèque nationale – département des estampes. Graveurs du XVIe siècle, tome I : Androuet du Cerceau – Leu, Paris, Maurice Le Garrec, 1932, p. 211.
CHOUX Jacques, « Nicolas de La Case graveur lorrain du XVIe siècle », Le Pays lorrain, n°4, 1975, p. 175-180.
CHAUNU Pierre et ESCAMILLA Michèle, Charles Quint, Paris, Tallandier, 2013.