La Baigneuse

Manufacture de Toul-Bellevue

Manufacture de Toul-Bellevue (direction de Jules Aubry)
Paul-Louis Cyfflé (auteur du modèle) d’après Étienne-Maurice Falconet
1858 - 1898
Biscuit de terre de pipe
H. 20,7 ; L. 7,4 ; P. 7,5 cm
Inv. 39.3.18
Legs Wiener, 1939.
Cachet de Toul et initiales JA estampés en creux. Inscription faïencerie de Toul baigneuse Cyfflé à la pointe

Au salon de 1757, le sculpteur Étienne-Maurice Falconet expose une « figure de marbre représentant une nymphe qui descend au bain » inspirée par la peinture de François Lemoyne réalisée 33 ans auparavant. D’un geste très gracieux, la jeune femme achève de retirer son vêtement et tend son pied gauche pour goûter la température de l’eau. Sa coiffure à l’antique ornée d’un bandeau et d’une rose séduit la comtesse du Barry qui en possède une version dans son château de Louveciennes. En 1772, la favorite royale demande au sculpteur Augustin Pajou de la portraiturer coiffée sur ce modèle mais, déçue du résultat, fait finalement détruire le buste réalisé. Comme l’œuvre de Lemoyne, la sculpture de Falconet a eu un grand succès et a été reproduite par de nombreux moulages. Dès 1758, elle est diffusée en biscuit à la manufacture de Sèvres dont Falconet a pris la direction un an auparavant. Le modèle connaît un grand engouement qui incite le sculpteur à répéter plusieurs fois le type physique de la jeune femme aux hanches étroites, à la poitrine haute et menue, aux épaules tombantes et au visage triangulaire. On le retrouve ainsi dans La Baigneuse aux roseaux, pendant créé dès 1762, ou encore dans le groupe représentant Pygmalion aux pieds de sa statue à l’instant où elle s’anime, produit l’année suivante. Le biscuit initial a connu quelques variantes portant sur la présence de la rose dans la chevelure ou de bracelets.

Paul-Louis Cyfflé édite à son tour le modèle de Falconet bientôt repris à la manufacture de Lunéville et de Toul-Bellevue. On relève également dans les tarifs de la manufacture de Niderviller deux pendants sous les n°133 et 134 : Vénus entrant dans le bain et Vénus sortant du bain, sans qu’il soit possible de dire si le premier d’entre eux reprend bien le modèle importé par Cyfflé. Il est probable que ce dernier se soit inspiré de ce modèle à succès pour créer celui du Printemps que l’on retrouve à Saint-Clément et à Toul-Bellevue et qui comporte des similitudes de composition. Les caractéristiques physiques du modèle de Falconet ont inspiré aussi plusieurs productions de Cyfflé : les nus mythologiques d’Armide, de Léda et d’Omphale semblent en effet faire directement écho à la Baigneusedu sculpteur français.

Pierre-Hippolyte Pénet

Bibliographie :

MOREY (Prosper), Les statuettes dites de terre de Lorraine, Nancy, Crépin-Leblond, 1871, p. 40.

BRESC-BAUTIER (Geneviève), Sculpture française XVIIIe siècle (École du Louvre, Notices d’histoire de l’art, n°3), Paris, éditions de la Réunion des musées nationaux, 1980, n°34.

CALAME (Catherine), Cyfflé, orfèvre de l’argile. Ses statuettes en terre de Lorraine et les reprises par les manufactures régionales [cat. exp., « Cyfflé, orfèvre de l’argile », Saint-Clément, 1er août-17 août 2009], Lunéville, Association des Amis de la Faïence ancienne de Lunéville Saint-Clément, Office de Tourisme et château des Lumières, 2009, pp. 66, 74, 95, 100 et 162.

SCHERF (Guilhem), « Le biscuit est une sculpture. Sculpteurs à Sèvres » in PREAUD (Tamara) et SCHERF (Guilhem), La manufacture des Lumières. La sculpture à Sèvres de Louis XV à la Révolution [cat. exp.,  Sèvres, Cité de la Céramique, 16 septembre 2015-18 janvier 2016], Dijon, éditions Faton, 2015, p. 69.